memoire empowerment sdf: avis

[as3]

Bonjour,
J'effectue mon mémoire professionnel sur l'empowerment des pers sdf (ceux qui connaissent ou ont connu la grande précarité mais qui peu à peu se reconstruisent). J'ai plusieures questions de départ et j'ai beaucoup de mal à me determiner. Je ne sais pas laquelle vous parait la plus pertinente. Je ne sais pas non plus si elles sont bien construites, donc avant de me lancer j'aimerais avoir votre avis. Si mes questions vous interpellent, vous questionnent ou vous inspirent des reflexions n'hesitez pas... lâchez vous!

- 1ère question de depart:
Comment rehabiliter les compétences (ou l'identité) des SDF dans la société par le biais de la créativité? (comment faire et quels effets cela génère). Je me dis que la créativité peut permettre des choses là ou il y a eu echec ailleurs...et que plein de surprises peuvent m'attendre car la créativité c'est parfois hors norme...

- 2è question de depart potentielle:
Comment la prise de conscience des competences (ou capacités) des SDF se traduit elle sur leur sentiment d'appartenance?
pour cette question j'ai un soucis car je ne sais pas si ma recherche doit porter sur les SDF du présent ou sur les anciens SDF reinserés. Pour moi cette question de départ rime avec leur engagement dans la société...Je trouve cettte question assez excitante mais complexe à aborder et delicate par rapport à ma posture professionelle. En fait le TS est mis à distance et place la personne comme auteur et non ds une relation duelle (ce que je trouve cependant tout a fait honorable). C'est une grande remise en cause des enjeux de pouvoir entre TS/usager mais du coup quel place tient le TS dans ce processus?. Mais Est ce que cela a du coup un intérêt pour un memoire pro? Qu'en pensez vous?

Dans tous les cas plus je lis et je discute avec certains, plus je me rend compte que ce sujet est assez politique car les SDF "resilients" semblent avoir un message a faire passer, il représentent une des dimenssions de la société en souffrance qui s'en est "sorti". L'autre jour j'ai rencontré un ancien SDF qui aujourd'hui est à fond engagé dans toutes les assos humanitaires de ma ville, il est vraiment convaincu quand je l'entend parler...et il a aussi plein d'idées révolutionaires (mais qui sont cohérentes lorsque l'on comprend son parcours). Il se dit philosophe de rue et raccordeur de rêves. je trouve cela magique qu'un ancien SDF se voit comme cela. Il a envie d'etre porte parole d'une réalité mais aussi d'amener du "reve" ou un autre monde plus juste. C'est un eveilleur de consciences. La valeur solidarité est aussi tres marquée en lui et il en est fier. C'est cela que j'ai envie de creuser. Mais quelle place le travailleur social peut il avoir dans tout cela? Est ce judicieux d'axer ma recherche là dessus?

Donc voilà vos remarques et suggestions sont les bienvenues. N'hesitez pas à dire tout ce qui vous vient et quelle question de depar vous parait la plus pertinente pour le corps professionnel.

Merci!*

[Romain]

Bonjour,
Très bon sujet de mémoire, et qui reste éternel.

Tout d'abord , as tu clarifier la notion de SDF ? (de qui parles tu ? des SDF clochardisés ? Des travailleurs pauvres sans domicile qui dorment dans la rue ou ans leur voiture ? ... ).

Ensuite, essaie de faire une analyse globale des problématiques des SDF => problématiques santé et psy, addictions ... ce qui freine leur réinsertion.

Enfin, tu pourras déduire des liens de causes à effets , et peut être dégager une problématique qui te permettra de poser une question de départ (par exemple , addiction => estime de soi => construire / créer pour exister )

L'ancien SDF dont tu parles , le raccordeur de rêves , c'est beau. Cela dit, c'est aussi une problématique du SDF , que de ne pas être dans la réalité. D'ailleurs on boit souvent pour mieux accepter sa condition.

Lis les Naufragés de Patrick Declerck , ça peut aider.

Bon courage , ton sujet de mémoire est intéressant

[as3]

Merci Romain pour les conseils sur la methodo. Donc il faut que je conceptualise et problematise.
En effet, la question que je me pose depuis le début c'est de quels SDF j'ai envie de parler. Je n'arrive pas à definir une "typologie" car l'exclusion est un long processus et l'empowerment aussi. Je n'ai pas envie de porter non plus mon sujet sur leurs grandes pbq qui justifient leur exclusion mais plutot comment avec leur réalité peut on les valoriser et sans pour autant nier leurs pbq qui freinent leur insertion.
En fait, je crois que je souhaite m'interesser à ce que les sdf en train de remonter la pente peuvent apporter à la société... mais je vais peut être trop vite. Il y a une dimension citoyenne à creuser je crois. Je miserais bien sur l'humanitaire, la solidarité, la culture...

J'ai lu en partie "les naufragés" ( c'est bien trash et on se demande bien si il y a un espoir et si un jour les pers retrouveront le pouvoir d'agir) et tout à la fin du livre, jean malaurie fait une lettre à P Delerck et l'invite à reflechir sur les bienfaits de l'art, ecouter de la musique afin de rompre avec cette misere absolue, terrible realité... Il dit aussi que tous ces clochards ont le pouvoir de nous interroger sur le cynisme d'une société pronant la justice sociale.

Du coup, que pensez vous que ma question: par quels phénomenes le clochard passe il de la conscience de soi, à l'inclusion sociale?
Là on est sur de l'auto détermination, ce sont eux qui ecrivent leur histoire en fonction de la réalité qu'ils en perçoivent et c'est un processus.

[Romain]

Bonsoir,

J'avais lu un article (mais je ne sais plus où ) qui posait la question de l'accompagnement des personnes marginalisées .

Faut-il penser autrement l'accompagnement social des SDF ?
comme tu le soulignes et que tu te proposes d'étudier dans ton mémoire.

En effet, les SDF clochardisés (si c'est de cela dont tu veux parler) peuvent mettre en échec l'accompagnement "normalisé" qu'on leur propose dans les services sociaux.
Cela dit, des associations tentent de les accompagner autrement ...

D'ailleurs , y a peut -être aussi un concept à creuser : accompagnement
Est-ce que l'accompagnement d'un public en difficulté , et un SDF clochardisé a t-il les mêmes finalités ?

[as3]

Merci Romain pour ton aide.
Oui, il y ades assos qui essaient de faire emerger un projet avec les SDF car ils ont besoin de tout sauf d'un accompagnement normalisé. Mais il ne faut pas pour autant rompre avec ces normes. En fait là ou je suis en stage (une assos avec CHRS, Stab, Accueil de jour et activités de redynamisations)ils misent beaucoup sur la culture/créativité pour y parvenir. Le plus gros du boulot avec ces personnes est de reveiller un désir et la cultur est une strategie transversale pour alumer une flamme et ensuite revenir à la charge sur la pbq de la pers qui le freine pour rebondir, s'en sortir...
la question de la finalité que tu pose est interessante aussi. Comme ça on a envie de répondre l'autonomie, mais avec les SDF il y a peut être d'avantage encore l'identité et la conscience de soi à creuser pour recréer un lien vers la citoyenneté.
Ca m'interesserai de savoir, toi penses tu que la finalité ultime est différente,? Si oui pq?

J'ai re réflechi à cette maudite question de départ et j'en au une nouvelle, lol
"Comment la conscientisation des SDF agit elle sur leur rapport à la citoyenneté?"
Ca balaie les problématiques santé, psy... SDF,la norme, l'Identité, la citoyenneté, le désir, une autre façon de penser l'accompagnement pour les remobiliser.

[Aurélie]

Bonjour,

Faisant mon mémoire sur le public SDF également, je trouve ton point de départ vraiment super ! J'avais pensé partir de sur ce genre de sujet aussi. Je trouve ta question de départ très intéressante, et elle permet également de traiter de pas mal d'items.

Pour ma part je me suis davantage orientée sur la relation à l'espace et la façon dont les personnes SDF s'approprient la ville, en lien avec "l'habitat", l'inclusion etc

Bon courage pour la suite !

[as3]

Salut Aurelie,
Peut tu m'en dire plus sur ton sujet?Ton sujet semble en lien avec la place ds la société. la façon dont ils vont s'approprier la ville me semble en lien avec leur identité qui évolue.Les SDF à force se forgent de nouvelles normes, se créent un nouveau sentiment d'appartenance et cela n'est pas toujours bien compris par le reste du monde. Ils cherchent perpetuellement leur place ds la société. C'est là que notre role et positonnement de TS est à interroger par rapport à leur inclusion. Je ne sais pas si cela peut t'interesser mais l'an passé j'avais un peu bossé sur le logement durable, il y a des visions alternatives qui existent plus solidaires.
Moi j'ai changé de question de départ. Ma QD est comment par une démarche participative peut on favoriser l'insertion des personnes en situation d'exclusion. Je ne suis plus uniquement axée sur les SDF, mais le processus d'exclusion en général.

[vic]

C'est aussi mon thème de mémoire

C'est passionant le logement et les sdf....

[*****]

il y a des mouvements qui pensent que redonner "un chez soi" aux sdf doit être l'objectif primordial et qu' à partir de là, une évolution sera possible.
mais évidemment les résultats ne peuvent être que limités compte tenu de l'ampleur du phénomène et du nombre de personnes à reloger.

[Aurélie]

Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis "As3", et ton sujet me semble très pertinent, ça rejoint assez mes premières idées de mémoire, et je pense que ça rejoint un peu ce que je veux encore traiter actuellement.
Pour l'instant, ma QD est celle-ci "En quoi les lieux de vie des personnes SDF influencent-ils leur inclusion dans la ville ?" Je pense qu'elle bougera encore mais là base est là. Je souhaite traiter des stratégies au niveau des espaces, ce qu'est la notion d'habiter car, à mon sens, même si les personnes SDF n'ont pas de logement à proprement parler, elles habitent quand même la ville et l'espace urbain, ça reste de l'habitat. Je pensais aussi aux cartes mentales de Djemila Zeneidi.
Je trouve tous ces sujets passionnants, et pour moi, le logement n'est qu'une porte d'entrée, d'approche du public SDF. S'il est vrai qu'avoir un logement peut aider à une évolution de la situation, il y a bien souvent tout un tas de freins à lever avant le retour vers un logement, ne serait-ce que la question des chiens par exemple, ou comment supporter d'être enfermé entre 4 murs, comment on concilie le logement et ses relations avec les personnes qui sont encore à la rue etc...
De ce que je remarque, c'est un public qui est bien souvent méconnu et craint, on baisse souvent les yeux quand on les croise dans la rue, on les évite, sans doute parce qu'ils nous ramènent à nos propres craintes, mais ils sont tellement riches et plein de ressources. Si on leur donnait davantage la parole je suis sure qu'il y aurait des tas de choses à faire. Je souhaite traiter de ça aussi ; la relation aux autres habitants de la ville, comment chacun cohabite avec l'autre ?